On a l’habitude que l'espace publique ne nous appartiennent pas.
On ne s'en rend pas forcément compte au début, parce que ce n’est pas quelque chose qu'on conscientise facilement. On a juste l'habitude de s'écarter dans la rue, de se faire petite, de détourner le regard, de changer de trottoir et de repérer les issues de secours.
Tout nous pousse à ne pas investir le dehors, le commun, le public.
Ça ne nous a jamais appartenu, de pouvoir sortir dehors quand on en a envie ou à n'importe quelle heure, de sortir en étant sûr que tout ira bien dans les transports, les parcs, la rue et en soirée.
Ça ne nous appartient jamais, ni dans notre histoire, ni dans les décisions politiques, ni dans nos vies personnelles.
On peut se faire accoster à tout moment, enchaîner les sollicitations non voulues, se faire toucher et siffler.
On est constamment jaugés, commentés, prises pour cible.
On a pas accés à la liberté fondamentale de pouvoir se déplacer, on à pas le droit à la tranquillité.
ça permet de se ré approprier tout ça.
Ce n’est pas parfait, forcément, ce n’est pas que des bonnes expériences mais ça l'est assez pour que ce soit différent.
Partir randonner, c'est pouvoir jouir de cette liberté peu importe son sexe, son genre, son rang social, son vécu et ses difficultés.
On est libre de circuler à nouveau et on est libre d'en faire ce que l'on en veut.
Il n'y a personne pour nous regarder, nous juger, nous oppresser, pour nous mettre en insécurité. Personne pour nous ramener à notre place de dominée.
On peut s'emparer de l'espace, pour nous, pour les autres, pour nos droits. C’est l'un des rare endroit où l'on re gagne du terrain.
Alors on se doit de l'occuper, de prendre de plus en plus de place et de continuer à en faire un lieu Safe pour tous.tes.
c'est aussi nos corps qu'on se re appropries.
On en vient à se débarrasser de cette notion de femme objet qu'on à construit au fil des années.
On peut déconstruire, pierre par pierre, ces concepts dans lesquels nos corps sont devenus des enveloppes à dompter, ne sont là que pour plaire, pour séduire, pour le regard des autres, pour obéir à des normes inatteignable de beauté et sont souvent détestés, dévalorisés, moqués, traqués, soumis à quantité de régimes qui défonce la santé, pour enfin devenir des corps sociales, des corps objet.
Pourtant ils nous servaient beaucoup quand on était enfant, qu'on soit fille ou garçon.
Cela fait combien de temps qu'on ne lui a pas porté une bienveillante attention ? Qu'on ne l'a pas ressenti pour ce qu'il est? Qu'on n’a pas ressenti la sensation de nos pieds nus sur le sol ? La sensation de l'herbe fraîche entre nos orteils ? Cela fait combien de temps qu'on n'a pas grimpé à un arbre pour se prouver que l'on peut se hisser rien qu'à la force de nos bras ? Cela fait combien de temps que l’on n’a pas couru en s'amusant ?
Cela fait combien de temps qu'on ne l'a pas senti vraiment vibrer de plaisir et de joie ?
C'est dotant plus important en tant que femme et minorité de genre, parce qu'arrivé à l'adolescence, on nous en dépouille petit à petit. On finit par oublier à quoi il nous servait et on finit par ne plus le posséder pleinement.
En grandissant on finit par se plier aux regards, aux attentes, on croûle sous la main mise d'une société qui veut tout faire pour nous contrôler.
Et sans vraiment en faire le choix, on finit par se raser sans raison, par faire attention, par surveiller notre corps et notre poids, par se maquiller, par se faire plus petite, par être mignonne et docile, par accepter les remarques, l'hypersexualité.
On accepte de se comparer, de subir, de s'adapter, de ne pas déranger, de moins faire pour ne pas se faire remarquer, on cache nos seins et tout le reste, et on finit par se trimballer des tonnes de complexes et un corps encombrant qu'on ne comprend plus vraiment.
Notre corps il n'est pas censé être beau, ou du moins pas comme on l'entend aujourd'hui.
Il n'est pas censé répondre à des régles et des normes arbitraires et il n'est pas censé appartenir aux autres.
Il est là pour nous porter, pour nous pousser, il est là pour transpirer, il a de vrais besoins, et de vraies utilités.
Il attend que ça qu'on le ressaisisse en plein vol, pour l'utiliser à bon escient, comme quand on était enfant.
Il attend qu'on lui redonne enfin le premier rôle, celui qui lui permet de nous faire nous sentir forte, capable et résiliente.
Là, dehors, dans la nature, si vous saviez comme on s'en fout.
C'est le moment de tout laisser ressortir, le bide, le gras, le moche. Peu importe les formes de notre peau, peu importe les poils que l'on ne trouve pas beau, peu importe notre gueule du matin, peut importe le bruit qu'on fait, peu importe les complexes et les imperfections,
peu importe la place que l'on prend.
c'est infiniment politique, qu'on le veuille ou non.
Parce qu'on se permet de re prendre cet espace, de l'occuper, on se permet d'exister pleinement.
on ouvre la voix pour les autres, celles qui ne peuvent pas, celles qui n'osent pas.
Encore aujourd'hui, partout dans le monde,
les femmes n'ont pas toutes accés à l'extérieur. Elles ne peuvent pas aller dehors comme bon leur semble,
c'est pour ça que l'on se bat. C'est pour ça que, nous, on y va.
En France, on croit qu'il n y a plus besoin de se battre parce qu'on a gagné tout nos droits
ou du moins, parcequ'on est mieux loti qu'ailleurs. Alors ça devrait être suffisant.
Mais c'est faux, cet espace là ils peuvent le reprendre comme ils occupent la rue et l'intime.
Leurs violences, elles sont toujours là, partout, tout le temps, dans la rue comme à la maison.
Et puis ça reste des endroits comme tant d'autres ou l'on est sous représentées.
Parce que notre histoire continue de nous rabâcher que notre place n'est pas là,
que l'on n'a pas le droit au dehors, que les aventures ne nous appartiennent pas parce qu'on est trop fragiles, trop peureuses, trop sensibles,
et tout simplement pas assez.
Aujourd'hui encore il faut se battre pour se faire une place dans les milieux du sport et de l'Outdoor,
pour pouvoir aller se challenger et se faire rêver sur les cimes, les vagues, les parois et les chemins.
Ces espaces sauvages qui nous permettent de nous sentir plus libre, il faut se battre pour les garder et continuer la lutte pour s'emparer de tout le reste.
Nous devons être des milliers demain pour réecrire cette histoire et changer le cours des choses.
parce que je ne me suis jamais sentie aussi forte qu'avec le poids de mon sac sur le dos.
C'est peut-être bête à dire comme ça, mais je me sens en confiance parce que je sais que malgré les douleurs et les difficultés j'arrive à avancer et que cet acte-là, il m'appartient pleinement.
Je me sens en confiance parce que je porte avec moi toute mon autonomie ;
ma tente pour m'abriter, ma popote pour manger, et tout ce qu'il faut pour affronter l'adversité.
Je me sens capable et légitime d'être là au meme titre que les autres, et plus j'avance, plus c'est le cas.
La randonnée ça permet, petit à petit, de prendre confiance en soi,
d'apprendre à se démerder, à puiser dans ses forces et ses ressources.
Ça permet de sentir son corps suer, pulser, frémir, souffrir, se démener. Ça permet de le sentir tout entier.
Partez sur les sentiers et battez vous pour qu'un jour ils appartiennent aux femmes et minorités de genre du monde entier.
J'espère que cet article vous sera utile. N'hésitez pas à me contacter sur les réseaux, pour n'importe quelles questions, c'est avec plaisir que j'échangerais sur ce sujet et les autres.
Belles aventures à tous.tes !